20 octobre 2006
Tartines aux fromages, par Maldoror
Niveau : facile
Coût : économique
Temps de préparation : 10 minutes
Temps de cuisson : 10 minutes (ou 25. En réalité je n’ai pas compté. J’ai surveillé. En tous cas, ça ne vous prendra pas plus de 25 minutes, en comptant large).
Ingrédients pour 2 personnes
- 1 femme avec des idées saugrenues
- 1 pain ou une baguette ou deux baguettes
- Ce que vous voulez. Donc je vais vous dire ce que nous on a mis :
o Jambon
o Emmental râpé
o Chèvre
o Roquefort
o Huile d’olive
o Ail pour frotter le pain (ça je ne l’ai pas fait. Je le regrette. Ça me fait comme un poids, là. Non, là, ce sont mes clés)
Recette
Posez une question anodine à votre femme. Par exemple, l’autre jour, je lui ai posé une question, comme ça, à brûle-pourpoint, en la prenant par surprise dans la cuisine (Non. Pas de ça ici. Enfin pas ce jour là), et tandis qu’elle s’affairait à remplir quatre petits ramequins d’un étrange mélange, qui me laissait perplexe. Je lui ai demandé :
- Qu’est-ce qu’on mange ?
Et elle, en me regardant très gentiment, avec de la candeur dans ses yeux bleus :
- J’en sais rien.
C’était d’autant plus intéressant qu’elle était précisément en train de faire la cuisine. De faire un truc dont elle ne savait pas ce que c’était. Finalement, c’était très bon, un hybride entre une quiche lorraine et un soufflé au fromage. Il faut encourager l’esprit créatif : « C’est excellent ma chérie, vraiment, tu as bien fait d’improviser ce… truc. Avec une salade, c’est excellent. »
Donc, des fois, on pose une question anodine, comme ça. Hier soir, je demande à ma femme :
- Qu’est-ce qu’on mange ?
Oui, j’en vois déjà qui froncent le sourcil, surtout vous mademoiselle, là, sur le côté, oui vous, qui vous demandez « mais c’est quoi ce mec qui ne sait faire que demander ce qu’on mange à sa gonzesse ». Votre réflexion me chagrine. Je me vois contraint de vous arrêter, tout de suite, et publiquement : je ne fais pas que demander ce qu’on mange à ma femme. Je demande aussi ce qu’on regarde à la télévision. Parfois même je lui demande ce qu’on fait ce soir. Je me méfie quand même avec ce genre de question. Des fois on s’était prévu, tout seul, dans sa tête, un petit plan sympa, et puis la réponse n’est pas celle que l’on attendait, et le plan sympa tombe à l’eau.
Ainsi, l’autre jour, j’ai vu s’évanouir mes espoirs de regarder Lyon Saint-Etienne, et j’ai du me fader un dîner aux chandelles, avec tenue sexy et caresses érotiques. Une soirée foutue. Et deux bougies.
Mais en définitive, hormis ces petits aléas, dont on rit, plus tard, c’est, dans l’ensemble, plutôt une bonne formule. Un échange de bons procédés. Je lui demande ce qu’on mange, et en retour elle me demande de débarrasser la table, ranger la maison et repasser le linge. Demander, ça ne coûte rien, et dire oui ça fait toujours plaisir.
Plouf, plouf.
Je lui demande donc ça, et elle me répond :
- Des tartines au four.
C’était mieux que l’autre jour. Elle avait déjà une idée sur le sujet. L’avantage, quand on a touché le fond, c’est qu’on ne peut plus que remonter. « Des tartines au four !!! » m’exclamé-je, trois fois. (J’exagère. J’ai mis trois points d’exclamation, mais je ne me suis exclamé qu’une seule fois. Vous imaginez, le type qui s’exclame, dans la cuisine : « Des tartines au four ! Des tartines au four ! Des tartines au four ! » On a envie de lui mettre une claque dans le dos pour faire sauter le diamant dans le sillon.)
« Des tartines au four ! Oh, mais heu… c’est quoi ? »
Ma femme, prenant un ton un peu didactique, avec ses lunettes de maîtresse d’école :
- Eh bien ce sont des tartines, tu mets dessus ce que tu veux : du jambon, du fromage, des champignons, du Nutella, et tu passes au four.
Moi : « Ah ?... »
Je dois avouer que j’ai fait preuve de modération dans mon enthousiasme. Ma femme, qui a des antennes, a dû le sentir.
- Ça ne te dit rien ? Si tu veux on peut faire autre chose, j’avais pas d’idées, en fait.
Ça, je ne l’aurais pas deviné tout seul. Je lui dis :
- Non, non, c’est très bien, ça m’a l’air formidable. Simplement, je ne vois absolument pas à quoi ça va pouvoir ressembler.
Des fois, aussi, quand je veux être con, moi…
Sans se départir de son flegme (elle la connaît, ma tête de « je veux pas comprendre »), elle a préparé les ingrédients, et on s’est fait chacun nos pains au four. Enfin nos tartines. Vu ce que j’ai mis dessus, personnellement j’appelle ça Tartines aux fromages. Mais s’il y a un nom déposé, qu’on me le fasse savoir. Ça m’intéresse beaucoup de savoir ce que j’ai bouffé.
On a fait comme ça :
1) Servez-vous un whisky, et servez un verre de vin rouge à Madame. Préparez le jambon, en enlevant le gras si vous n’aimez pas le gras. Nous on n’aime pas.
2) Découpez des tranches de fromage (lorsque c’est votre tour de préparer votre tartine, hein. Inutile de découper pour l’autre, vous ne seriez pas synchro. Et puis personnellement, je fais des tranches fines, et ma femme des tranches épaisses. Ça n’irait pas). Comme ça :
3) Ça, c’était mon idée à moi, j’en suis assez fier : balancez, assez généreusement, un filet d’huile d’olive sur le pain. N’oubliez pas que vous pouvez également le frotter à l’ail (dire que je ne l’ai pas fait. Des fois, je me bafferais). Puis vous mettez, dans l’ordre que vous voulez, les ingrédients, comme ça, par exemple :
Nous avons mis successivement :
- 1 filet d’huile d’olive
- des tranches de chèvre
- une tranche de jambon
- du roquefort
- de l’emmental râpé
Ça fait un truc relativement impressionnant, d’une hauteur imposante. Ne vous laissez pas intimider, et appuyez un peu dessus, avec votre paume, pour tasser tout ça. Que ça ait une assise à peu près plate.
4) Servez-vous un deuxième whisky. Pensez à refaire des glaçons. Pendant ce temps, votre femme enfourne le truc dans le four, comme ça :
Le temps que ça cuise, vous avez le temps de boire votre whisky. C’est pour ça qu’il faut être synchro, si vous servez le deuxième trop vite, vous êtes bon pour en boire un troisième. Je connais quelques vicieux qui font un peu exprès de boire le deuxième trop vite. C’est mauvais pour leur santé. D’ailleurs, ils ont mal au foie, le soir. C’est un signe qui ne trompe pas.
A mi-cuisson, ça a cette tête-là :
Certains considèreront, à ce stade, que c’est cuit. C’est leur droit le plus strict. C’est une affaire de goût. Moi, j’ai laissé cuire un peu plus, mais je n’ai pas agi sous la contrainte. De toutes façons, je bois doucement.
Quand c’est cuit-comme-nous-on-aime-que-ce-soit-cuit, ça ressemble à ça :
Attention ! Si ça ressemble à ça :
C’est que vous vous êtes complètement trompé de recette. Vous avez fait une mousse aux deux saumons. C’est très bon aussi, mais les ingrédients ne sont pas du tout les mêmes. J’espère que vous n’avez pas tout mélangé.
Personnellement, ne reculant devant aucune exagération, j’ai poussé jusque là :
Et j’ai aussi mangé le fromage fondu qui a coulé, et qui est à moitié cramé, là. Et c’était bon. Parfaitement.
Le tout arrosé avec un minervois à 2€90 la bouteille, c’est vraiment pas la peine de sortir un grand cru pour bouffer des tartines.
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