21 mai 2006
chrisbk, dans les étoiles, par Ninon
Vous ne lirez plus d'histoires de pain de mie calciné, de roses des sables désolantes, de feuilletés à la chair à saucisse sauvage(s).
Chrisbk est parti, j'ai du chagrin, tellement.
Fedeic a dessiné ça sur une idée de Tristo :
Hier j'ai écrit ça :
Il y avait un platane mort, quand je suis partie tout à l'heure, sur l'avenue Bolivar, cassé en deux par la tempête, la tête qui gisait par terre, avec ses grandes belles branches pleines de sève, ses feuilles vert tendre, sa grâce toute écrasée, fendue. Un vrai gâchis.
Il y a aussi des amis, comme ça, que vous aimez parce qu'ils sont drôles, tendres, gentils, avec des joues douces à la con qu'on a envie d'embrasser quand ils vous sortent des vannes énormes, devant une binouze vraiment fraîche – parce qu'on n'est pas toujours des sauvages. Qui ne savent pas se faire cuire autre chose que des nouilles, qui vous disent, Ninon, comment je me fais la cuisine, explique-moi. Qui font quand même cuire les toasts dans leur paquet sur la plaque électrique. Qui sont nés à Vesoul, comme une farce, et qui s’ennuient à programmer des âneries à Angoulême. Qui croient pas en Dieu mais aiment les cathédrales, les films de kung-fu, les polars nordiques ; ils appellent leur yucca Charlène, luttent victorieusement contre des invasions de fourmis, apprennent le tango, sont amoureux de l’Ostsee, au point, peut-être, de se dire que c’est plus important d’aller parcourir la Suède à pied, et puis la Norvège, pour la revoir en vrai, cette mer sombre et lumineuse, aller traîner à Ystadt, se battre avec leurs pieds, leur sac à dos, leur bob ridicule, leur cahier, leur grand coeur, leur trouille, leur envie, et tant pis pour les ours, qui sont féroces. Les ours, tu parles.
Ils vous racontent leur voyage, tout doucement, et sous les mots vous entendez leur voix tendre, ce putain d’accent de Vesoul, vous voyez sourire leurs yeux noirs, ça vous fait du bien, de lire, de les savoir là où ils rêvaient d’aller ; vous êtes fière, bêtement, de leur courage crétin, de leur obstination : elle est belle, cette aventure, elle sent bon. Et puis la bière est bonne, là-bas, les ours, quelle blague.
Et puis il y a une route, toute droite. Et puis une bagnole, qui roule, vite, sans doute.
Je le vois, marcher, avec son bob, son gros sac, son futal troué sur la fesse, ses grosses pompes. Mais la bagnole, elle l’a pas vu, Chris, chrisbk et son smiley débile, et ses posts à recracher son café par le nez, avec un sourire qui dure tellement longtemps, après.
Saleté
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